vendredi 25 novembre 2016

[Chronique] Hail Spirit Noir - Mayhem In Blue

Dans la catégorie Rock neo-vintage, Hail Spirit Noir sera toujours meilleur que Ghost, pourtant, tout le monde écoute Ghost et se contrefout des grecs, c'est quoi votre putain de problème putain?
Ah ouais, Hail Spirit Noir n'est pas signé par une grosse major qui vous matraque la gueule sa com', les grecs n'ont pas non plus le gimmick masqués/membres inconnus mystérieux, puisque Hail Spirit Noir est composé de gars issus du défunt Transcending Bizarre?, j'aimerais d'ailleurs bien ne pas employer le terme défunt en parlant de ce groupe, mais vu qu'il est dans un état végétatif profond depuis cinq ans, ça a l'air bien mort, bref, Hail Spirit Noir c'est mieux que Ghost, pour une raison principale, Hail Spirit Noir n'a jamais oublié qu'il faisait du Metal, il n'a pas oublié non plus ses racines Black, même s'il a lentement mais surement dévié vers le Rock vintage psychédélique, Mayhem in Blue, troisième album du trio, ne va certes pas réinventer la formule Hail Spirit Noir, mais c'est une nouvelle fois un sacré exercice de style complètement maîtrisé, maintenir le même niveau de qualité, une chose que les hommes masqués suédois ne sont même pas capables de faire...

Ouais, bon, ça a un peu changé quand même, et l'air de rien, par petites touches et légères inflexions, Hail Spirit Noir évolue, alors que Pneuma était un diamant brut mélangeant habilement Black à Prog à la Pink Floyd, Oi Magoi voyait le groupe raffiner sa formule avec des influences Jazz un peu plus marquées, Mayhem in Blue ne sera pas vraiment une synthèse des deux approches, mais une nouvelle déclinaison, où le but semble être de rendre la tambouille encore plus bizarre, avec l'utilisation plus prononcée d'orchestrations peu orthodoxes, le coeur de la musique restant globalement le même, du Prog, du Black, et du surf Rock, le tout en plus malsain donc, ce qui va rendre l'album fun à écouter, en évitant la redite.

C'est en quelque sorte la force principale de Hail Spirit Noir, faire une musique dont les contours ont été définis dès le premier disque, et répéter la formule en modifiant constamment les équilibres, ce qui fait que même si on connaît déjà le truc, les grecs proposeront toujours le petit détail en plus qui fera toute la différence, et qui fera aussi que l'on oubliera vite la rigidité des codes utilisés depuis le début, bref c'est pareil qu'avant, mais c'est malgré tout différent, mais ça reste pareil, ils sont forts les grecs.

Hail Spirit Noir a beau essayer de ne pas être trop prévisible, cela n'empêche pas le premier titre I Mean You Harm d'être sacrément confortable, que ce soit en terme de structure ou de niveau d'excentricité, tout à fait le genre de morceau simple et efficace que maîtrise le groupe à la perfection, l'agressivité est somme toute contenue, mais toujours présente, et comme je vous le disais, les orchestrations sont devenues un peu plus bizarres, avec une vibe de fête foraine déglinguée, notamment une fin de morceau particulièrement Heavy et très Black Metal dans l'esprit, ça met tout de suite dans l'ambiance, et globalement, chaque morceau sera comme ça, confortable pour qui connaît déjà le groupe, mais proposant à chaque fois sa petite nouveauté et sa plus-value.

Mayhem in Blue, c'est en quelque sorte le lumineux Oi Magoi qui rencontrerait le côté obscur et déglingué de Pneuma, et on ne va pas se mentir, c'est une réussite, avec parfois le sentiment d'écouter un Oranssi Pazuzu que ferait des reprises de Pink Floyd, le titre éponyme Mayhem un Blue utilisera pas mal de chant clair et d'instrumentations acoustiques, notamment de la harpe, mêlées à des excentricités électronique, et cela ne fera que faire ressortir davantage les passages typés Black, alors que Lost in Satan's charms élargira le spectre musical d'Hail Spirit Noir, d'abord vocalement, puis en introduisant quelques références à Ennio Morricone, avant de dévier vers le Black avant-gardiste, c'est plutôt couillu, mais ça marche, c'est sûrement le morceau le plus ambitieux de l'album avec ses dix minutes au compteur et ses multiples changements de textures et d'ambiances, avec une fluidité exemplaire.

Hail Spirit Noir va constamment réussir à maintenir la cohésion de ses morceaux, ils ont certes rajouté une double ration d'arrangements, mais cela ne nuit jamais aux morceaux, jamais ça ne devient un bordel illisible, chaque pièce du puzzle est à sa place, même la plus bizarre, on aurait pu croire que le fait de rajouter des choses en plus allait dégénérer en un foutoir, mais non, ça roule, Hail Spirit Noir peut mettre du Banjo sur de l'électro déglingué des années 80 avec une rythmique Black et ça ne choque pas, le groupe explore constamment de nouveaux horizons, de nouvelles sonorités, expérimente beaucoup et ne se rate jamais, grâce à un songwritting cohérent et d'une solidité à tout épreuve, on ne perd jamais le fil malgré les nombreuses ramifications et bizarreries auditives, les morceaux sont plutôt longs, sans l'être jamais trop, les grecs ne tournent jamais en rond et trouvent toujours le moyen de relancer la machine et de repartir dans une autre direction avec une facilité déconcertante.

Bien sûr l'effet de surprise n'est plus le même qu'il y a quatre ans, c'est un fait, mais la faculté qu'à Hail Spirit Noir a jouer avec les codes, les sonorités, les textures, va rendre l'album complètement fun et délicieusement addictif, surtout qu'en multipliant les détails et les trouvailles sonores, on a facilement envie d'y revenir.
En une quarantaine de minutes pour seulement six titres, Hail Spirit Noir démontre une nouvelle fois qu'il est bien le meilleur dans sa niche Black vintage Rock psychédélique progressif, ça fait long comme description, mais il n'y en a pas vraiment d'autre, le style est unique, inégalable, et malgré sa dimension vintage, Hail Spirit Noir est paradoxalement un groupe qui va toujours vers l'avant et ne se repose pas sur ses lauriers, toujours en quête de nouveauté dans le passé.