vendredi 23 octobre 2015

[Chronique] Vhöl - Deeper Than Sky

Plus qu'un super-groupe, Vhöl est surtout un collectif rassemblant plein de gens biens, l'excellente bassiste de Hammers of Misfortune Sigrid Sheie, l'excellent guitariste John Cobbett, également chez les Hammers, l'excellent batteur d'Agalloch Aesop Dekker, et l'excellent chanteur de Yob, Mike Scheidt, ce qui nous fait un sacré paquet d'excellentes personnes dans un seul groupe, conséquence logique, le premier album éponyme du groupe sorti en 2013 était excellent, pour que je place ça aussi haut dans mon Top 20 de fin d'année, vous imaginez bien que ça défonçait ta mère.
Deux ans plus tard, même groupe pour un album sensiblement différent du premier, avec le même niveau d'excellence? bah ouais, pas de suspense ici, Deeper than Sky c'est à la fois complètement différent et assez proche du premier album, on ne pourra pas leur reprocher d'avoir fait deux fois le même disque, et ce qui est tout bonnement ridicule, c'est que même si la formule a changé, c'est toujours aussi bien.

Toujours aussi bien... mais aussi toujours aussi inclassable, car chez Vhöl, on mélange plein de trucs sympa pour en faire un amalgame encore meilleur, vous prenez un peu de Black Crust, du Thrash, du Heavy à l'ancienne, du Power, du Stoner, du Progressif, un soupçon de Punk, et vous obtenez Vhöl, qui propose ici quelque chose différent, c'est un peu comme si à partir des mêmes ingrédients, les américains étaient parvenus à complètement autre chose, enfin bon, complètement est surement un peu fort, mais pas si éloigné que ça de la vérité, vous aviez aimé la grosse influence Voivod mixée à du Black sur le premier album, elle est toujours là, mais largement moins présente, ici, c'est davantage la dimension Heavy à l'ancienne qui est privilégiée, tous les ingrédients étaient déjà présents il y a deux ans, mais subissent ici un traitement différent.
Deeper than Sky, c'est plus de Heavy, un peu plus de Thrash aussi, et c'est toujours aussi peu orthodoxe, car même si le groupe utilise des éléments très conventionnels, le mélange de tout ça ne l'est pas du tout, Vhöl va puiser dans les racines old school du Metal pour proposer un mix rafraîchissant et diaboliquement versatile, rares sont les groupes qui parviennent à faire du neuf avec du vieux, Vhöl y arrive, mais après tout, je vous le disais en introduction, ces gens sont excellents, des talents individuels mis au service d'un collectif, avec une alchimie tout à fait particulière, c'est bien évidemment ce travail collectif qui permet à la musique du groupe de fonctionner aussi bien.

En guise d'ouverture, Vhöl nous balance avec The Desolate Damned un premier brûlot de Speed Metal à l'ancienne, un mix de vieux Heavy et de Thrash qui va sacrément carburer pendant cinq minutes, du Speed Metal old school certes, mais passé à la moulinette Vhöl, avec un riffing de Cobbett à la fois très classique et suffisamment bizarre pour apporter une plus-value plus qu'appréciable, la basse est extrêmement galopante, de même que les excellentes leads mélodiques à la fois classiques et iconoclastes, quant au chant, Mike Scheidt va une nouvelle fois démontrer tout son talent, il est un peu clivant, je l'admets, surtout sur le premier album, mais son chant clair bien plus orienté Heavy fonctionne diablement bien ici, avec là encore pas mal de références allant de King Diamond à Tom Warrior sur certaines intonations.

Comme Vhöl est là pour le fun et pour proposer un truc varié, les trente premières secondes de 3AM seront donc du pur Hardcore/Punk à la Suicidal Tendencies avec une touche de Slayer, ouais, comme ça, sans pression, le titre sera assez direct mais pas exempts de quelques digressions, notamment sur un excellent refrain catchy soutenu par les mêmes chœurs déjà présents sur le premier morceau; Encore plus Thrash et plus direct, Red Chaos rappellera immanquablement Slayer au début, avec de nombreux twists par la suite, et une certaine propension à sonner comme du Motorhead par moment.

Vous voulez du bizarre? ça tombe bien, vous allez en avoir pour votre argent avec les douze minutes du titre éponyme, c'est toujours très orienté Thrash, même parfois violent au début, et tranquillement, le morceau va bifurquer dans le Rock progressif psychédélique à chanteuse, le pire dans tout ça, c'est que la transition se fait avec un naturel désarmant et on est jamais choqué par la tournure des événements, Vhöl peut se permettre ce genre de fantaisie sans que l'on puisse y trouver quoi que ce soit à redire, de la même manière, Paino est une sorte d'interlude instrumentale complètement folle à base de batterie et de piano, je ne sais pas trop qui joue de ce dernier, peut-être Sigrid Sheie puisqu'elle s'occupe aussi des claviers chez Hammers of Misfortune, mais le résultat est sacrément bluffant, c'est à partir de là que l'album prendra une tournure un peu plus agressive, avec Red Chaos donc, et aussi un The Tomb qui défouraille pas mal pour son mix entre le Thrash, le Black, et du Motorhead, on ne peut également pas passer à côté d'un Lightless Sun qui mêlera habilement la violence avec du prog psychédélique, encore une fois avec classe et décontraction.
La seule chose que l'on peut reprocher à Deeper than Sky, c'est qu'il semble vite trop court, et pourtant il dure quarante-deux minutes, c'est dire à quel point le temps passe vite en sa compagnie.
Vhöl est véritablement un groupe unique sur la scène Metal actuelle, qui n'a pas vraiment d'équivalent, Deeper than Sky est tout simplement un album fun, partant d'éléments très classiques pour aboutir à un amalgame complètement barré, étrangement, ça fonctionne à plein régime du début à la fin, entre Metal conventionnel à l'ancienne et digressions iconoclastes, Deeper than Sky est une véritable création artistique d'un groupe totalement libre de faire ce qu'il lui plait, ayant surtout le talent nécessaire à ce type d'entreprise, bref, rien à jeter ici, Deeper than Sky est tout simplement excellent, et vous ne devez pas passer à côté.