mardi 23 juin 2015

[Chronique] Lindemann - Skills In Pills

Personnellement, dans ce monde de merde où il semble que je passe mon temps à écouter des albums de merde, je trouve rafraîchissant de tomber parfois sur une gemme salvatrice, un album magique qui révolutionne la musique, qui vous transporte dans une autre dimension, un album tellement novateur, original, transcendant le concept même de musique, une oeuvre d'art unique et intemporelle où l'on sait après écoute que plus rien ne sera comme avant.
Lindemann est ce genre d'oeuvre, l'aventure solo du génial vocaliste des génies allemands de Rammstein, et plus qu'un album solo, l'histoire d'une collaboration entre deux titans de l'art musical métallique, car Mr. Lindemann est ici accompagné du phénomène suédois et producteur de génie, Peter Tägtgren, l'alliance de deux des plus grands musiciens de notre temps, accouchant ici d'une oeuvre déjà mythique d'art musical contemporain, et si Skills In Pills était un livre, il serait aussi important que la Bible et le Coran réuni, c'est un monument, éclipsant les sept merveilles du monde par son audace artistique et son ambition démesurée, Skills In Pills est digne de la plus grande création divine, cet album sera vénéré pour des millénaires et restera dans les mémoires, on retiendra la date le 23 juin comme le jour de l'arrivée du Messie, le jour qui a changé l'histoire de l'humanité, oui, Skills In Pills est bien le disque ultime que le monde entier attendait...


Ou pas en fait...
Hahaha j'ai essayé de vous niquer avec cette introduction mais je suis persuadé que vous ne m'avez pas cru une seule seconde, bref, voici la vraie introduction en version simplifiée, Till Lindemann n'a toujours pas appris à chanter correctement, et Peter Tägtgren sait toujours chier des chansons ultra putassières, partant de là, vous imaginez bien que l'alliance de ces deux baltringues ne pouvait pas donner autre chose qu'un album dont le seul fait de gloire et de redéfinir le concept même d'album ridicule, ouais, c'est mauvais à ce point là, Skills in Pills est une catastrophe planétaire globale, si Skills In Pills était un avion, ce serait le Vol 9525 de la Germanwings, on aurait aimé qu'il soit plutôt le Vol 370 de la Malaysia airlines et qu'il ait disparu à jamais avant d'arriver dans les bacs, mais malheureusement ce n'est pas le cas, et ça nous laisse des tonnes de débris à analyser suite à ce crash insensé.
D'un côté, Till Lindemann, "chanteur" de Rammstein (ce groupe qui n'a jamais vraiment sorti un bon disque satisfaisant en 20 ans et qui est plus connu pour son imagerie et ses prestations scéniques) qui ne sait pas vraiment chanter mais il est plutôt bon dans le spoken words emphatique avec sa voix de baryton, enfin, bon, disons plutôt qu'il est supportable... dans le cadre de Rammstein et quand c'est chanté en allemand, ce qui n'est pas le cas ici, car de l'autre côté, on trouve l'odieux suédois Peter Tägtgren, tête pensant d'Hypocrisy, mais aussi et malheureusement de Pain, et c'est ce qui va nous intéresser ici, car Skills in Pills, c'est la copulation hideuse entre le pire de Rammstein, globalement les dégueulasses trois derniers albums, et l'électro-Pop Industrielle de Pain, cet album est un Gonzo bien crade tourné dans une cave lugubre, une partouze grotesque dont le mauvais goût vous donnera irrémédiablement la nausée, car afin d'ajouter l'injure à l'infamie, Lindemann va nous délivrer les pires lyrics de l'histoire de la musique, rien que ça.
Cela partait malgré tout d'un bon sentiment, traiter des déviances sexuelles et d'autres joyeusetés dans ce goût-là, mais il aurait sûrement fallu que Lindemann ait un minimum de talent pour nous pondre des textes intéressants, et c'est tout le contraire ici, c'est l'approche frontale et premier degré qui est privilégiée, lire les paroles de Lindemann, c'est un peu comme passer une heure à glander sur 4chan, ladyboys, sexe entre obèses, avortement crade, drogue, golden shower, tout y passe dans le délire pipi-caca lol boobs sex enfantin et immature, des paroles qu'on aurait imaginé écrites par un gamin perturbé de 13 ans, mais putain quoi, Lindemann à 52 ans quand même, l'obsession pour le sexe et la débauche, ça va un moment, surtout qu'il a déjà usé le gimmick chez Rammstein, et il va tellement en faire dans le trash vulgaire qu'il va obtenir l'effet inverse que celui escompté, c'est supposé être perturbant, malsain, torturé, mais c'est tellement frontalement crétin que cela en devient risible et ridicule, il n'y a rien de tendancieux chez Lindemann, seulement de la provocation gratuite, vulgaire, et bas de gamme, des paroles qui ont peut-être été simplement torché à l'arrache dans le but de réaliser par la suite des clips les plus trash possibles, aucun sens caché ni message, tout est simpliste au possible.
Putassier et racoleur au niveau des textes, ce le sera aussi avec la musique, car n'oublions pas que ce bon vieux roublard de Tägtgren est de la partie, et ce qu'il fait avec Pain, il va le reproduire avec Lindemann, je suis persuadé qu'il ne s'est même pas fait chier et qu'il a utilisé des morceaux pas utilisés du dernier Pain, car Tägtgren est ici en mode grosse feignasse qui n'en a rien à foutre, le mec a torché des morceaux en cinq minutes, les a livré à Lindemann clé en main et s'est vite fait la malle en embarquant un bon gros chèque, et quand ce n'est pas du Pain, c'est du recyclage pur et simple de Rammstein, écoutez donc Golden Shower, c'est de la grosse pompe du Rammstein des années 90.
Musicalement, c'est facile, c'est un mash-up de Pain et de Rammstein période Tanz-Metal, un riff par morceau, des conneries électroniques ou orchestrales dans le fond, et la grosse voix de Till par-dessus ce merdier, et c'est tout, point, y'a rien d'autre, du songwritting foutage de gueule qui sert à faire du fan-service pour les fans de Rammstein, les dix morceaux de la galette seront construits de la même manière, simpliste et direct, catchy mais en flagrant délit de racolage actif, du Metal pour les gens qui n'aiment pas le Metal en quelque sorte, suffisamment simple pour faire mouche chez les débiles qui ne chercheront pas plus loin dans leur Metal qu'un titre mono-riff avec des samples électro de boites de nuit, avec tous les pires clichés possibles par dessus le marché.
La première chose que j'ai fait quand j'ai vu qu'il y avait un titre qui s'appelait Cowboy, c'est d'aller tout de suite vérifier s'il avaient osé le banjo et les bons gros clichés western... et ils ont osé putain! Banjo, hennissements de cheval, chœurs féminins piqués à Ennio Morricone, et vous imaginez bien le niveau abyssal des paroles quand Lindemann parle de cowboy, c'est juste pathétique, et des clichés, il y en aura au kilomètre, jamais je n'avais écouté un album aussi putassier et racoleur, même le pire album de Pain est meilleur que cette merde qu'est Skills in Pills, Lindemann en tant que projet veut tellement être choquant que cela en devient ridicule, sombrant dans la débauche d'effets en tout genre, forçant le trait à l'excès pour n'être plus qu'une caricature et une auto-parodie, mais c'est peut-être ça le concept de l'album, volontairement sortir l'album le plus pourri de l'univers, en faire une performance artistique d'art contemporain, où Till vous regarderait droit dans les yeux, mangeant ses excréments pour les vomir, les remanger, et les vomir encore, avec à côté un Tägtgren hilare qui n'en a rien à foutre puisqu'il est assis sur une montage de billets.
Till "chante" comme à son habitude, donc mal, et en anglais, ce qui est encore pire que lorsqu'il chant en allemand, débitant inlassablement ses lyrics de merde en alternant spoken words et envolées foireuses où son chant montre toutes ses limites, et que ce soit Till ou Tägtgren, on ne sent personne vraiment concerné par le projet, et Skills in Pills apparaît assez vite comme un vulgaire cash-grab destiné à faire passer à la caisse les fans de Rammstein pendant que le groupe est en pause, l'intérêt de ce furoncle est bien évidemment proche du zéro absolu.
Provocateur ce Skills in Pills? même pas, c'est juste une merde, et pas une petite, un bonne grosse bouse qui pue à des kilomètres à la ronde, putassière, facile, racoleuse, manichéenne, remplie des pires clichés possibles, Lindemann est au moins constant dans la médiocrité, il n'y aura pas un seul bon moment pendant les quarante minutes de cette purge auditive.
Skills In Pills est tellement mauvais que cela en devient fascinant, fascinant d'assister à une telle débâcle, un gonzo Electro/Metal/Industriel/Shock-Rock qui rassemble en un seul disque tout ce qu'il y a de pire chez Lindemann et chez Tägtgren, le projet joue sur l'imagerie racoleuse et facile, et à moins d'aimer la scatologie, on tient ici le pire album du siècle pour le moment, et ce n'est pas un mince exploit...

Track Listing:
1. Skills in Pills  4:13
2. Ladyboy  3:20
3. Fat  4:12
4. Fish On  4:12
5. Children of the Sun  3:40
6. Home Sweet Home  3:45
7. Cowboy  3:11
8. Golden Shower  4:24
9. Yukon  4:45
10. Praise Abort  4:44