samedi 2 mai 2015

[Chronique] Noisem - Blossoming Decay

Salut les kids! Vous aimez la violence? Vous en avez marre que je vous casse les couilles avec des groupes d'Avant-garde? Super! J'ai précisément quelque chose pour vous, de quoi satisfaire vos bas instincts avec de la violence gratuite.
Les américains de Noisem avaient déjà fait forte impression en 2013 avec son premier album Agony Defiled, qui était en fait une réédition du Endless Aggression sorti l'année précédente alors que le groupe n'était pas encore signé chez A389 Recordings et évoluait encore sous le nom de Necropsy.
Partant de là, après un album déjà bien burné, le groupe biberonné au vieux Thrash de bourrin et au Death se doit de confirmer l'essai, avec deux problématiques, faire au moins aussi bien qu'Agony Defiled, mais aussi mais aussi tenter d'apporter quelques trucs différents afin que le groupe ne soit pas condamner à sortir inlassablement le même disque, certains aiment ça, personnellement, je trouve que la stagnation est le pire qui puisse arriver à un groupe, ça tombe bien, Blossoming Decay, même si toujours profondément ancré dans le Thrash/Death rageur et couillu, va parvenir à répondre à ces deux problématiques avec aplomb et conviction, ouais, on va encore se prendre de grosses mandales dans la gueule, mais parfois de manière un peu plus subtile que prévu...

Ce qu'il y a de bien avec Noisem, c'est que tu sais immédiatement où tu mets les pieds, tu sais que ça va être court, que la décharge va être ultra brutale, violente, et que ça va te permettre de te déconnecter le cerveau pendant une petite demi-heure de furie ravageuse.
Noisem, c'est un mélange de bourrin qui renvoie immédiatement au Thrash néandertalien, les premiers Slayer et Nuclear Assault en tête, avec un petit twist, l'ajout d'une louche de Death Metal furibard typé Deicide, avec également quelques relents de Possessed, et un chant colérique qui confère à Noisem un petit côté Grindcore pas désagréable du tout, heureusement, ça ne tombe pas trop dans le Hardcore et les breakdowns, c'est bien de Thrash/Death dont il s'agit ici, joué à une vitesse supersonique, notamment les nombreuses leads bien vicieuses présentes sur la plupart des titres en nombre assez conséquent.
Avec 24'10 au compteur, vous imaginez bien qu'on ne va pas faire dans le détail ni partir dans des plans progressifs, Noisem fait du Thrash/Death explosif et punchy, in your face, sans jamais relâcher la pression du début à la fin, où l'on est jamais très éloigné du Grindcore sans jamais vraiment tomber dedans, Noisem fait dans le viscéral, l'ultra-violence décomplexée sans aucune forme de pitié, un matraquage qui pourrait s'avérer pénible à la longue, mais Noisem a très bien compris qu'il ne pouvait pas lasser en maintenant le format court, d'ailleurs, avec cette concision, on pardonnera volontiers la compression du bouzin, on flirte avec le brickwall mais après tout, le but est de frapper le plus fort possible en un minimum de temps, une attaque sonique pour une déferlante de mandales dans la gueule, en même temps, avec une majorité de titres tournant autour des deux minutes, voir moins, difficile d'en attendre autre chose.
Il ne faut pas se fier à la longueur du premier titre, vu qu'il inclut une introduction d'une quarantaine de secondes, l'attaque Trail of Perturbation durera moins de trois minutes, et ça va envoyer du très très lourd, ça joue vite, très vite même, violence gratuite à cent à l'heure agrémentée de soli ultra speedés, ça met tout de suite dans l'ambiance du disque, sur chaque titre, la section rythmique est au taquet, avec une basse particulièrement vrombissante par moment, notamment sur un Another Night Sleeping in the Cold dont le tempo va vous pulvériser les cervicales.
Mais le changement, il est où, me direz-vous? justement j'y arrive, Hostile End - Hollow Life, comme son nom l'indique, sera divisé en deux parties, ça démarre comme un morceau classique de Noisem, en bourrant pendant 35 secondes, avant une minute de sonorités étranges et angoissantes qui trouvera sa continuation pendant la première minute du titre suivant Cascade of Scars, et là, ça va être différent, car Noisem va nous offrir un bon build up d'abord incroyablement lourd et rampant à la limite du Sludge/Doom qui va se transformer en baffe dans la gueule, avec quelques mini-breakdowns particulièrement vicieux, ça n'a l'air de rien comme ça, mais sur un album aussi court, balancer ce genre de truc plus Heavy et tourmenté va apporter une autre dimension à Noisem, une variété supplémentaire, Agony Defiled était l'album cinglé marqué par la fougue de la jeunesse, Blossoming Decay est davantage travaillé et réfléchi, la musique de Noisem se fait plus personnelle, plus mature aussi, sans pour autant baisser en intensité, car la violence est toujours omniprésente, on citera également le dernier titre Blossoming of the Web, qui voit encore une fois Noisem s'essayer avec brio à un format plus long, le morceau incuant un dernier tiers en forme d'outro menaçante où semble résonner du violon dans une atmosphère post-apocalyptique.
Signe de cette certaine maturité, Noisem a plus ou moins abandonné les thèmes Gore un peu débiles et clichés du premier album, au profit de textes plus sombres et nuancés, on y traite de la mort et de la dépression, avec une prestation vocale de Tyler carnes bien plus intéressante et varié, et peut-être encore plus désespérée qu'avant.
Bien sûr, les changements sont quand même assez subtils, Noisem ne se livre pas à de grandes expérimentations risquées, mais l'incorporation de nouveaux éléments, plus sombres, plus Heavy, lui permettent de proposer une tambouille un peu plus goûteuse et variée.
Noisem propose toujours une excellente mixture à base de Thrash et de Death avec supplément Grindcore et noirceur, et procède par petites touches afin d'évoluer et de ne pas trop se répéter, ces petites évolutions laissent augurer de grandes choses pour l'avenir, il ne faut pas oublier que les membres du groupe ont à peine une vingtaine d'années, et constituent une réponse cinglante aux sceptiques qui pensaient que Noisem était condamné à faire toujours la même chose.
Toujours aussi violent et intense, mais avec de petites choses en plus, Blossoming Decay s'avère plus mature que son prédécesseur, mais également plus réussi, le musique de Noisem est un peu moins puérile, plus sérieuse, et surtout, semble se détacher des influences un peu trop flagrantes pour quelque chose de plus personnel, Noisem gagne en complexité et en noirceur, tout en conservant son côté punchy et bourrin, une boucherie bien plus subtile que prévu.
(La version physique sort en juin, et vous pouvez commander tout ça sur Bandcamp)