mardi 24 février 2015

[Chronique] Ensiferum - One Man Army

On vit une époque formidable où peut importe la qualité, si t'as le bon gimmick, c'est susceptible de cartonner, le gros gimmick en ce moment, ce sont les vikings, que ce soit à la télé ou dans le Metal, il suffit d'utiliser l'imagerie viking pour que ça se vende, le port de la barbe est bien sûr un plus histoire de faire mouiller les pucelles, ça tombe bien, il y en a plein dans le Metal, et ça marche sur les beaufs aussi, et là encore ça tombe bien, ce sont les beaufs qui font tourner le business Metal.
Tout n'est pas à jeter dans le Folk, bien entendu, mais malheureusement, bon Folk contre mauvais Folk, c'est toujours le mauvais Folk qui gagne, car plus accessible, plus facile à écouter pour les beaufs et les gamins qui regardent Vikings à la télé et qui sont naturellement fan d'Amon Amarth (rigolez pas, y'en a même qui appelle ça du Viking Metal) rien que pour l'image véhiculée, le Folk d'obédience germano-scandinave a le vent en poupe, l'imagerie viking aussi, pas besoin de se faire chier à bosser sa musique, un riff moisi, des chœurs catchy, des orchestrations en masse pour faire épique, des rythmes simples, et ça se vend tout seul, c'est précisément ce qu'a parfaitement compris Ensiferum, la merde se vend bien, pourquoi se faire chier à faire de la bonne musique?

Le fait qu'Ensiferum s'était complètement vautré dans la fange du symphonique bisounours il y a trois ans avec le dégueulassement dégueulasse Unsung Heroes ne les avait pas empêché d'en vendre un paquet, Ensiferum devenait une espèce de Nightwish grotesque et sirupeux avec des épées, mais peu importe, ça faisait la blague chez des fans qui de toute façon sont avant toute chose clients des clichés véhiculés par le groupe et sa musique.
One Man Army va-t-il continuer sur cette voie? oui et non, mais plutôt oui.
De la guimauve, il y en aura, à la pelle, de quoi donner des caries à vos conduits auditifs, mais on note un certain retour à l'agressivité sur certains titres, mais attention, de l'agressivité gentille, dépourvue de cojones, ça sonne un peu plus dur, sans pour autant faire fuir la ménagère, et de ce fait, on aura un album classiquement partagé entre les morceaux plus ou moins rapides balancés sans envie ni hargne, et les autres plus mid-tempo et surchargés de conneries Folk avec pas mal de narration, des tonnes de clichés, de l'épique en mousse pour guerrier en culotte courte jouant à skyrim, on va se manger le cahier des charges habituels, insipide et d'une pauvreté affligeante, une musique qui ne repose que sur des effets de manche sur la forme dont le but n'est que de tenter de masquer la médiocrité du fond, Ensiferum ne se fait plus chier, il n'en a pas besoin, plutôt que de proposer des choses intéressantes, pourquoi ne pas juste se contenter de piocher dans les différentes époques de sa discographie et de recycler tout ça à l'arrache, où l'on imagine facilement le raisonnement des gars en studio:
"- Allez on fait un truc rapide, à l'ancienne
(5 minutes plus tard)
- Mouais, c'est un peu moisi quand même
- T'inquiète pas j'vais mettre des orchestrations épiques et des Hohohoho
- Bof, on l'a déjà fait mille fois, ça va commencer à se voir
- Mais non, notre public c'est du beauf alcoolisé en kilt, tant qu'il peut danser la gigue et beugler les refrains ça passe
- Ah ouais, pas con!"
C'est surement comme ça que ces couillons finlandais ont composé Axe of Judgement, qui arrive, après l'intro sympho/Folk de rigueur, dans vos oreilles avec... un son de merde, sans âme, dont une batterie en plastique, c'est ce qui choque le plus au début, la production dépourvue d'aspérité, trop clean et digitale, et des guitares noyé dans le mix, ça commence bien.
Alors ouais, c'est plutôt speed, pas de doute là-dessus, on sent bien que les mecs veulent remonter le niveau après Unsung Heroes, mais l'agressivité et la hargne étant proches du zéro absolu, on ne va pas aller bien loin, et c'est ainsi que le titre fait du surplace, de l'épique en carton, des orchestrations ampoulées, des Hohohohoho et des chœurs pourris sur un trop long passage mid-tempo ambiancé, putain de merde, Iron est à des années-lumières de cette purge, et ce n'est que le premier titre, malheureusement on imagine déjà les fans se branler sur l'epicness absolue du truc alors que ce n'est du vent, ou plutôt un petit prout lâché en traître sous un kilt, du genre silencieux et bien puant.
Vous pensiez que cette """agressivité""" allait durer? lol, naïf que vous êtes, Heathen Horde va retomber dans l'héroïque de supermarché, mid tempo surchargé de chœurs avec riff de merde qui ne sert à rien pour une Power Ballade folk celtique minable servie avec son break au violon.
Partant de là, et comme la marque de fabrique d'Ensiferum est désormais le gros foutage de gueule, vous vous imaginez bien que le prise de risque est nulle et que le groupe ne va rien proposer d'autre qu'une avalanche de clichés et de chansons à boire faciles d'accès et easy listening, même quand le groupe tente d'accélérer, ça tombe immédiatement à plat, et c'est plutôt pathétique d'entendre un groupe galérer sur un One Man Army speedé en forme d'Hymne Black/Folk poussif et toujours aussi surchargé, Warrior Without a War est la battle song ultra classique pompé sur Turisas avec son ambiance foireuse à la Ennio Morricone, ça fait quand même quinze ans qu'ils nous font le coup sur chaque album, et alors qu'on pourra tenter de se consoler avec un Two of Spades qui, miracle, est plutôt bien foutu et relativement sympa, Ensiferum va plonger dans le délire WTF des groupes de Folk de chansons à boire avec un break Disco à la Abba qui vient pourrir le truc, en un seul titre, ensiferum saute au dessus du requin et tombe dans le pire de Turisas et de Korpiklaani...
Qui dit Ensiferum dit Ballade et guimauve dans vos faces, avec tous les stéréotypes d'usage, l'interlude Burden of the Fallen en mode repos du guerrier en chant clair et conneries acoustiques, c'est inutile mais c'est le passage obligé, comme l'outro Folk festive Neito Pohjolan chantée par une gonzesse en finnois, ben c'est d'la merde, on se croirait à la fête au village, et l'on passera volontiers sur la ballade folk ampoulé My Ancestor's Blood, un authentique filler de fin d'album nul et vomitif, qui sert d'introductif à la plus longue purge du disque, Descendants, Defiance, Domination, plus de onze minutes d'ennui abyssal et d'orchestrations, au total, ces deux titres représentent plus de quinze minutes de guimauve viking, j'imagine que la ménagère sera comblée...
L'autre titre fleuve, c'est Cry for the Earth Bounds, et c'est quasiment du Nightwish, avec le même sens du placement d'orchestrations over-the-top pour en maximiser l'effet de manière artificielle et l'utilisation du chant féminin, car il ne faudra pas compter sur les riffs pour rendre le bouzin intéressant, ce qui est d'ailleurs récurrent sur tout l'album, les guitares ne servent plus que d'accompagnement chez Ensiferum, leur musique est désormais basé sur les orchestrations, la narration et les chœurs, pire encore, Ensiferum ne fait plus de Black/Folk, faut oublier ça, c'est clair depuis maintenant quelques albums, Ensiferum est un groupe de Power Metal symphonique, et rien d'autre, un Nightwish viking, tout aussi dépourvu de couilles que son modèle, et qui ne joue plus que sur des effets spéciaux et ses grosses orchestrations clinquantes qui bouffent tout l'espace, One Man Army est fait pour en mettre plein des yeux avec ses effets de manche, de la poudre aux yeux, cache-misère à la médiocrité du propos, même la production synthétique va tout faire pour annihiler toute trace d'agressivité dans la musique, avec des guitares noyées dans cet océan de guimauve proposé par les finlandais, avec ses chœurs et sa surcharge orchestrale, la musique épique d'Ensiferum sonne faux et ampoulée, et le groupe donne l'impression de ne plus être en mesure de composer un véritable hymne guerrier, pire encore, lors des passages mélancoliques et émotionnels, on doute de la sincérité des sentiments des finlandais tant il en font des tonnes, faisant de One Man Army un simple produit qui a autant d'âme qu'un vulgaire paquet de lessive.
Unsung Heroes n'était finalement pas qu'un accident de parcours, One Man Army est la confirmation qu'Ensiferum est désormais passé du côté du Power Metal Symphonique de supermarché, à la Nightwish, les barbes et les épées en plastique en plus.
Du Metal épique en mousse, inoffensif, surchargé à l'excès, One Man Army est un foutage de gueule easy listening pour enfant, la version Fisher Price du Metal Folk, une soupe tiédasse réchauffée encore et encore qui n'a plus aucune saveur, et qui, pire encore, n'a plus d'âme.
Jamais Ensiferum n'avait sonné de manière aussi factice, avec des composition d'une pauvreté affligeante qui ne reposent que sur des grosses ficelles symphoniques, une production en plastique qui est à se pisser dessus, des riffs désormais réduits à un rôle d'accompagnement, une collection de clichés et de stéréotypes, le pire du pire du Folk grand public, plat et sans idées, et c'est à vomir...

Le Nightwish Viking
Track Listing:
1. March of War  01:32
2. Axe of Judgment  04:33
3. Heathen Horde  04:12
4. One Man Army  04:25
5. Burden of the Fallen  01:49
6. Warrior Without a War
7. Cry for the Earth Bounds  07:31
8. Two of Spades  03:39
9. My Ancestors' Blood  04:30
10. Descendants, Defiance, Domination  11:20
11. Neito Pohjolan  04:10