lundi 24 février 2014

[Chronique] One Machine - The Distortion of Lies and the Overdriven Truth

Parmi les all-stars bands, on distingue deux catégories principales, le projet parallèle monté par des types de groupes reconnus et qui s'unissent afin de s'amuser dans un groupe différent et surtout de faire du buzz et donc du blé avec un line-up de noms connus qui attirera le chaland, ça met du beurre dans les épinards, et avec l'économie actuelle, c'est devenu chose courante pour un artiste que de multiplier les groupes, mais on trouve aussi des groupes composés d'Ex de, composés de types en panne de groupes après un(e) éviction/départ/split de leurs groupes respectifs, des gars un peu en galère qui montent un projet en espérant que l'alliance d'anciens de groupes reconnus suffisent à apporter un éclairage médiatique au bouzin, c'est à cette seconde catégorie qu'appartient One Machine, un groupe tout neuf initié par le légendaire Steve Smyth, le guitariste au CV long comme le bras, puisque le gaillard est passé par Forbidden, Testament, Vicious Rumors, Dragonlord et Nevermore, excusez du peu.
Ce bon vieux Steve a donc monté un line-up international de mercenaires en galère qui a de la gueule, puisqu'on trouve tout un tas d'Ex de bons groupes, un anglais, l'ancien guitariste de Biomechanical Jamie Hunt, un danois, l'ancien bassiste de Mnemic Tomas Koefoed, un brésilien, l'ex-batteur de Chaoswave Raphael Saini (qui joue sur l'album mais qui a depuis été remplacé par l'italien Michele Sanna), et surtout, un autre danois dont on avait plus trop de nouvelles depuis son départ de Mercenary, l'excellent vocaliste Mikkel Sandager, bref, du lourd, mais est-ce que tous ces talents réunis sont suffisants pour faire un bon disque?

The Distortion of Lies and the Overdriven Truth est avant toute chose un album plutôt déconcertant à la première écoute, car Steve Smyth et ses potes ont choisi la voie de la fusion et du mélange des genres pour ce nouveau projet, et quand on y regarde de plus près, One Machine est à la croisée des chemins entre le Thrash de Forbidden, le Power Heavy d'un Nevermore, ou encore le côté Power mélodique moderne de Mercenary, sans oublier la folie furieuse du mix Power Heavy à tendance industrielle de Biomechanical, et c'est finalement de cela qu'il s'agit, One Machine sonne énormément comme du Biomechanical, avec cette même science du bordel organisé, ce chaos finement contrôlé, ce Heavy Thrash qui flirte constamment avec l'extrême, une violence mélodique dont le son très dense et les atmosphères sombres rappellent également Nevermore, qui se repose sur deux piliers principaux, les soli de Steve Smyth, et il y en a des tonnes sur tout l'album, très techniques, délivrées avec virtuosité et vélocité, Smyth s'est véritablement lâché sur tous les titres, et Jamie Hunt n'est pas en reste non plus de ce côté là, car en plus d'être la foire au solo, c'est aussi une montagne de riffs thrashy et Heavy qui nous est proposée, un déluge de plomb en fusion qui apporte énormément de folie et de furie à l'ensemble, parfois jusqu'à l'indigestion, mais on y reviendra plus tard.
L'autre pilier du son One Machine, c'est tout simplement la prestation vocale de Mikkel Sandager, qui va se révéler ici incroyablement versatile, que le danois maîtrisait admirablement son chant clair, on le savait déjà du temps de Mercenary, mais le danois va également nous gratifier de changements de registre, et va constamment alterner entre son registre mélodique classique et l'agression avec un chant hurlé du plus bel effet, une versalité qui n'est pas s'en rappeler celle du Rob Halford de la grande époque, allant même parfois un peu plus loin en incorporant de temps à autre une sorte de growl typé extrême.
One Machine est donc une curieuse bestiole furieuse qui évolue dans un chaos organisé, et l'on ne sera pas surpris que le prémier titre éponyme envoie directement le pâté sans aucune forme de pitié, agressif, dense, un peu surchargé, le chant de Sandager est diablement hostile dans un registre hurlé et haut perché, on ressent d'emblée l'influence d'un Nevermore, surtout dans les solos, avec une énergie Thrash qui déménage, la batterie apporte un côté martial, quasiment mécanique, et c'est la folie furieuse à tous les étages, c'est un peu l'épreuve du feu, ça passe ou ça casse, pour un titre qui définit plutôt bien ce que sera le disque, et si vous n'aimez pas ce morceau, il va être compliqué d'apprécier la suite, et Crossed Over va faire encore plus mal et dans un registre à la fois violent et groovy, le chant est agressif, avec un refrain très catchy et mélodique, un titre un peu Thrash à la Testament, avec pas mal de changements de rythmes et un déluge de riffs entremêlés et de soli, c'est violent et très direct malgré le côté serpentant des structures, et le groupe ne va pas s'arrêter là va nous proposer pas mal de variété dans ses morceaux, en premier lieu Armchair Warriors, dont le début orienté MeloDeath a de forts relents d'Arch Enemy, qui va évoluer vers un Power mélodique Thrashisant que n'aurait pas renié Mercenary, un titre plutôt fluide et mélodique qui détonne un peu mais qui apporte un supplément de mélodie entre deux titres bien plus heavy et violents, l'autre titre surprenant, c'est un Evict the Enemy qui est une pure décharge de folie chaotique à coloration industrielle, pour vous donner une idée, c'est un peu la rencontre entre Biomechanical et Strapping Young Lad, ultra agressif, mais avec un refrain bizarrement mélodique, très saccadé, le morceau est secoué par de violents spasmes et changements de rythmes et de directions, la rythmique est absolument destructrice, ça joue très très vite et ça tabasse avec une folie contagieuse, notamment la bataille de solos furieux et virtuoses, Evict the Enemy est un bon coup de pied au cul tout en fureur et en maîtrise, et de maîtrise il n'en sera pas toujours question sur l'intégralité de l'album.
One machine, le sixième titre, est un bel exemple de titre fourre-tout qui part en couilles sans direction précise, où l'on passe du coq à l'âne sans aucune cohérence, entre Heavy traditionnel et Thrash, avec notamment un passage acoustique qui sort brutalement de nulle part alors que l'on croit le morceau terminé, introduisant un final mélodique à la Mercenary, c'est du gros bordel incohérent, et le titre suivant, Into Nothing, est un peu l'opposé, un mid tempo Thrashy à la Forbidden assez chiant, sans vraiment de changements de rythmes marquants, bien trop long, où il ne se passe pas grand chose, et l'on pourrait encore citer un Defiance qui manque de cohérence et de fluidité dans les transitions, il lui manque également un bon refrain auquel on aurait pu éventuellement se raccrocher, dommage.
Heureusement, l'album se termine un peu mieux après ce petit coup de moins bien, car après Evict the Enemy, One Machine va calmer le jeu avec une power balade très sombre qui rappelle celles de Nevermore ou de Pantera, plutôt bien foutu, avec une excellente atmosphère et de bonnes mélodies, une petite pause bienvenue avant le dernier titre Freedom and Pain qui renoue avec le côté furieux du groupe, notamment l'intro bien bourrine en forme de mandale Thrash dans la gueule, et le titre va ensuite alterner entre les passages mélodiques ambiancés et les accélérations bien Thrash.
Il faut également noter la production du truc, le son est vraiment sympa, conserver cette agressivité avec un son aussi dense et chaotique n'était pas évident, et derrière les manettes, on retrouve Smyth à la production, c'est mixé par Roy Z, et l'on retrouve Alan Douches au mastering, pas des petits joueurs, la basse est un peu en retrait mais bien présente, entre les riffs en cascade, une batterie furieuse et un chant très versatile, elle n'a que peu d'espace pour s'exprimer mais l'utilise pleinement, ce qui consolide un peu plus le mur sonore proposé par One Machine.

Vous aimez le Thrash, le Heavy, le Power, et vous ne crachez pas sur une petite touche d'indus? chouette, One Machine a décidé de tout mélanger pour votre plus grand plaisir, et nous propose un premier album furieux, violent et chaotique, avec une interprétation et un sens de la composition over the top, de même qu'un niveau technique plutôt impressionnant.
Le problème étant bien évidemment que les gars ont parfois tendance à en faire un peu trop, et certains titres ne sont pas vraiment maîtrisés et tombent dans une certaine incohérence, de la même manière, l'ensemble peut s'avérer un peu épuisant de part l'énergie folle déployée et les multiples changements de direction qui peuvent rendre l'album parfois un peu indigeste, l'album n'échappant pas à certaines dérives cacophoniques.
Malgré tout, il me plait plutôt bien ce The Distortion of Lies and the Overdriven Truth, car il est plutôt jouissif à écouter, bien sûr c'est un peu le bordel, mais cet ouragan de riffs et de soli, allié à ce déluge de groove et de mélodies, botte le cul, même si ce n'est pas toujours évident à suivre, l'album est violent, souvent brutal, voir même parfois complètement cinglé, il est très dynamique, souvent très fluide malgré ses constructions erratiques, son côté furieux est vraiment plaisant, on se retrouve avec un album curieusement attirant et en même temps déconcertant, en tout cas, une bonne alternative à un Biomechanical disparu de la circulation depuis bien trop longtemps, pas parfait, mais un premier effort qui mérite que l'on s'attarde sur son cas...

Furieux, Chaotique, mais pas toujours cohérent...
Track Listing:
1. The Distortion of Lies and the Overdriven Truth
2. Crossed Over
3. Kill the Hope Inside
4. Armchair Warriors
5. Defiance
6. One Machine
7. Into Nothing
8. Evict the Enemy
9. Last Star Alights
10. Freedom and Pain