mercredi 26 février 2014

[Chronique] Babymetal - Babymetal

Vous trouvez que le Metal tourne en rond et ne va nulle part, vous en avez marre d'écouter des vieux groupes nous servir leur soupe fadasse et réchauffée? Vous tombez bien, car voici le renouveau du Metal, et le futur du Metal nous vient du pays du soleil levant, trois jeunes artistes nippones ont décidé de monter un groupe et de regarder vers l'avenir, oui, la nouvelle génération est là et le Metal entre dans une nouvelle ère de progrès et de prospérité!
Euh... en fait, non, les trois nippones sortant du casting ne sont là que pour faire joli et en guise de groupe, on a toute une armée de producteurs qui a monté cette mascarade de toutes pièces pour générer des revenus, aucune sincérité dans la démarche artistique, car c'est d'un pur produit commercial dont il est question ici, un produit qui correspond bien au marché nippon mais dont le succès a dépassé les frontières auprès des amateurs toujours plus nombreux de japaniaiseries occidentaux...

Ce n'est pas la première fois que j'évoque Babymetal sur ce blog, cela fait environ deux ans que l'on se tape leurs clips, mais voici enfin le premier album du "groupe", sobrement intitulé Babymetal, qui n'est d'ailleurs pas vraiment un album, mais plutôt une simple compilation de la plupart de leurs titres sortis en single depuis leurs débuts, on ne peut pas dire que les producteurs du trucs se soient fait chier, mais passons.
Babymetal est donc composé de trois idols adolescentes japonaises de moins de seize ans, une "vraie" chanteuse, la plus âgée, répondant au nom de Su-Metal (Suzuka Nakamoto), et deux plus jeunes, Moametal et Yuimetal, qui ne servent... globalement à rien, elles sont supposées assurer les hurlements mais ce n'est pas vraiment le cas (Les growls sont vraisemblablement assurés par un mec), leur rôle étant donc réduit à celui de faire valoir en dansant sur scène autour de la chef de bande, des gamines surement recrutées pour leur malléabilité et surtout leur capacité à apprendre rapidement des chorégraphies débiles, car plus que de la musique, ce sont le visuel et les danses qui sont mis en avant.
Trve Kvlt Kawaii Metal
La recette est donc simple, on prend trois écolières adolescentes, et on leur colle des jupes et des tenues trop d4rk Goth en rouge et noir pour coller aux codes du genre (en plus ça attire le vieux pervers qui s'astique sur des pré-ado qui dansent en mini-jupe), ça c'est pour l'image, c'est le plus simple, car après ça se complique un peu, va falloir faire de la musique quand même, donc on prend tout une armée de producteurs Kobametal, Tsubometal, Norimetal, ou encore Nakametal (SwagMetal et YoloMetal n'étaient pas dispo?) pour nous bidouiller un truc bizarre, une sorte de fusion entre le Deathcore, le Nü Metal et le pire du pire de la J-pop nippone, et d'un coup, l'équipe de Babymetal inventa... le Kawaii Metal, rien de moins, globalement, c'est un peu comme si Emmure faisait un duo avec Kyary Pamyu Pamyu, et quand le Deathcore rencontre les refrains entêtant et enfantins de la J-pop, ça ne pouvait que mal tourner, quoique, tout ça est tellement débile et WTF que cela en deviendrait presque sympa à écouter, j'ai bien dit presque, et quand je dis sympa, je pense plutôt à marrant à écouter au second degré en étant bourré, car il faut quand même se souvenir que c'est un travail de producteur dont le but et de ratisser large, le bouzin est donc naturellement très accessible, efficace et catchy, avec des mélodies faciles à assimiler malgré l'orientation Metal du truc, car c'est bizarrement ultra heavy et destructeur, et je dois vous l'avouer, j'ai moi même pris un plaisir coupable à écouter certains titres de ce premier assaut de Kawaii Metal.
En écoutant BabyMetal, on éprouve immanquablement ce sentiment d'attraction mêlé à une répulsion profonde, pour simplifier, c'est de la grosse daube, mais c'est tellement catchy et diaboliquement con que l'on prend au final un certain plaisir, rien que pour le côté fun et grotesque de cette partouze Kawaii qui part souvent dans des délires débiles, car BabyMetal ne se contente pas de mélanger Deathcore et refrains J-pop, que l'on y trouve des breakdowns à la Emmure, du growl et du chant porcin, ce n'est pas surprenant, mais les nippons y ajoutent également une grosse louche d'Electro et de Techno afin de rendre tout ça le plus dansant possible, on y trouve également des passages et des breaks complètement WTF, et c'est bien évidemment ce genre de titres que l'on va retenir, en dehors de ces titres nawak, le groupe va se contenter d'appliquer une formule basique à base de gros riffs bourrins en cartons, samples electro et refrains naïfs J-pop, et c'est bien quand le groupe fait des sorties de routes qu'il devient incroyablement rigolo.
La musique de Babymetal n'est pas franchement compliquée, mais n'en demeure pas moins souvent surprenante, le premier titre par exemple, est un pur titre de MeloDeath Metalcoré très bourrin et violent répétitif et simpliste, dont le chant féminin est quasiment absent, remplacé par des choeurs growlés et Su-Metal sort de nulle part pour balancer quelques mots, aucune idée de ce qu'elle dit, vous devez bien vous doutez que je ne parle pas un mot de japonais, le fait que l'album débute par un truc aussi bourrin est plutôt surprenant, et le titre parait même sérieux, rassurez-vous, ça ne va pas durer.
Megitsune applique fidèlement la formule classique de BabyMetal, une petite intro folk nippon traditionnel, qui amène un riff bien gras, mélangé à des samples Techno de boite de nuit, et pas dessus, chant de fillette et refrain pur J-pop ultra catchy, on y trouve même un immonde breakdown à la Emmure avec du pig squeal, comme ça à l'arrache, une sorte de Mix/Metal/techno J-pop que l'on retrouve sur pas mal de titre, comme Gimme Choko et son débit vocal enfantin débile qui tranche un peu avec la violence et la rapidité du titre, Onedari Daisakusen, 4 no Uta, Benitsuki -Akatsuki-, ce sont un peu les titres basiques de BabyMetal, où l'on ne retient pas grand chose, et qui manque des nuggets débilos et des bombes sonores balancées à l'arrache.
Des trucs WTF, on va donc s'en bouffer un paquet, et c'est ce qui attire le plus l'attention, comme l'intro enfantine de Do・Ki・Do・Ki☆MORNING où l'on s'attend à voir débouler Hello Kitty, sauf que c'est plutôt un riff de bourrin et un refrain salement entêtant, le passage Dubstep bordélique de U.ki.U.ki★Midnight qui s'intègre plutôt bien au Deathcore à Breakdowns chargé de mélodies vocales J-pop, même un côté pop/punk sur le refrain d'un Catch Me If You Can qui est un titre d'Electro Metal bruitiste qui plonge dans un bordel insensé et cacophonique, et bien sûr, il y a Li Ne!, surement le titre le plus improbable jamais composé par un être humain, on y retrouve l'electro Metal typique du combo, mais renforcé par un rythme Techno qui fonctionne avec un riff et une rythmique très saccadée et dansante, avec une alternance entre le chant de princesse de manga et le growl de monstre, et d'un seul coup, on ne s'y attend pas, et Blam! voilà un Break Hip-Hop qui n'a absolument rien à faire là, qui précède un immonde Breakdown Deathcore, une grosse partouze musicale débilos.
La fin d'album est un peu plus sérieuse, à part Headbanger! qui un autre titre classique d'Electro Metal plutôt rapide dont le refrain s'intègre assez bien, Akumu no Rinbukyoku va plonger dans une ambiance assez sombre avec son alliance de Deathcore et de piano, dans une atmosphère mélodramatique renforcée par un chant très théâtral dans un registre émotionnel, avant un ultime titre, Ijime, Dame, Zettai, où le Deathcore et l'electro sont quasiment absents (enfin...), plus orienté Metal/J-pop avec une vibe MeloDeath/Heavy pas trop dégueulasse, un autre titre un poil plus sérieux où l'on retrouve d'ailleurs le piano, c'est plutôt efficace, par ailleurs, il faut noter que l’interprétation du groupe inconnu qui joue derrière est de qualité, les riffs Deathcore sont plutôt efficaces, y'a pas mal de solos de qualité, et les arrangements sont plutôt cool, et l'ensemble forme un ensemble très cohérent malgré la furie et la folie des compositions, c'est un gros bordel, mais tout s'imbrique à la perfection et l'album est plutôt fluide dans ses transition, ce qui n'était pas gagné d'avance.

J-Pop, Deathcore, Metal, Manga, Dubstep, Nü Metal, Hip-Hop, Breakdowns, Electro, Techno, breaks débiles, Babymetal est certes une grosse partouze insensée et souvent bordélique, mais on ne peut pas leur enlever que le bouzin s'avère au final diablement catchy et efficace, fonctionnant sur une dualité entre ultra violence Heavy et le côté enfantin du chant pop, et l'on y prend au final un certain plaisir, rien que pour le côté WTF nawak de ce bordel.
Avec un tel mélange d'attraction et de répulsion, je me vois dans l'incapacité de noter correctement ce truc, je vais donc me contenter de lui coller la moyenne, Babymetal est débile, con, mais salement fun à écouter, assez addictif aussi, avec ses refrains J-pop, ça reste avant tout de la merde et un mélange des genres plutôt grotesque qui bouffe à tous les râteliers en pompant à droite à gauche sur ce qui marche en ce moment, mais c'est rigolo, ne cherchez absolument pas de sincérité dans la démarche, c'est un groupe monté par des producteurs (et l'agence de talent Amuse Inc) pour faire du blé, et les gamines n'ont surement jamais écouté de Metal avant d'être castées pour le projet, sachant cela, pour moi, c'est de la bonne daube marrante que je ressortirai surement en fonction de mon taux d’alcoolémie, absolument pas à prendre au premier degré...

Trve Kvlt Kawaii Metal
Track Listing:
1. Babymetal Death (BABYMETAL DEATH)
2. Megitsune (メギツネ; Female Fox)
3. Gimme Choko!! (ギミチョコ!!; Give Me Chocolate!!)
4. Ii ne! (いいね!; It's Good, Isn't It!)
5. Benitsuki -Akatsuki- (紅月-アカツキ-; Crimson Moon -Dawn-) 
6. Do・Ki・Do・Ki☆MORNING (ド・キ・ド・キ☆モーニング; Heartbeat Morning)
7. Onedari Daisakusen (おねだり大作戦; Begging Operation)
8. 4 no Uta (4の歌; Song of 4)
9. U.ki.U.ki★Midnight (ウ・キ・ウ・キ★ミッドナイト; Ch.ee.rf.ul★Midnight)
10. Catch Me If You Can (Catch me if you can)
11. Akumu no Rinbukyoku (悪夢の輪舞曲; Nightmare's Rondo)
12. Headbanger!! (ヘドバンギャー!!)
13. Ijime, Dame, Zettai (イジメ、ダメ、ゼッタイ; No, More, Bullying)