vendredi 13 septembre 2013

[Chronique] Otargos - Apex Terror

Cela fait 3 ans qu'on avait plus trop de nouvelles d'Otargos, sur album tout du moins, le groupe tournant pas mal, et après une petite dizaine d'années à œuvrer dans un Black poisseux tout ce qu'il y a de plus underground, Dagoth et Cie avaient annoncé leur volonté de passer à autre chose, c'est vrai quoi, après tout, quel avenir y'a-t-il dans le black à corpsepaint et à bracelets à clous ma bonne dame?
Bref, j'imagine déjà les trve puristes vomir sur le groupe en les traitant de traîtres, de vendus ou de girouettes, car comme l'annonce sa pochette anormalement lumineuse pour le combo bordelais, Apex Terror marque un changement radical dans le son d'Otargos, et surement le début d'une nouvelle ère pour un groupe qui a de toute façon toujours été quelque peu en marge de la scène Black franchouillarde...

Le changement, c'est maintenant!
Allez hop, adieu le Black Metal pur et dur un peu crasseux qui sentait le souffre, Otargos s'est enfin décidé à embrasser la modernité, passant de la hache rouillée au scalpel de haute précision, les outils sont bien sûr différents, mais le but est le même, de la découpe industrielle et de la grosse mandale dans la gueule, une réorientation stylistique de l'entreprise de démolition bordelaise, et peut-être que le nouveau guitariste n'est pas étranger à cet état de fait.
Pour se faire, le groupe s'est donné les moyens de ses ambitions, avec une production ultra moderne, un peu froide, massive, ça sonne gros, même si comme d'habitude dans ce genre de prod, bon courage pour chercher la basse, de même le son de batterie est peut-être un tout petit poil étouffé dans le mix, (ouais, j'préfère les sons de batteries plus groovy en forme de frappes telluriques), mais cela à au moins le mérite de donner une petite coloration industrielle plus qu'apréciable au final.
Ici, Otargos a mis l'accent sur les riffs, car de ce point de vue-là, ça va poutrer, avec même un paquet de soli qui étaient un peu absents des disques précédents, des riffs monstrueux soutenus par une rythmique intraitable en béton armé, d'ailleurs on sent Thyr bien plus à l'aise que sur No God, No Satan, et servant d'appui à un chant bien plus versatile que par le passé, car après tout, en plus du Black, c'est aussi de Death dont il est question ici, normal que le chant se mette au diapason.
Bref, Otargos propose une évolution de son Black originel, et Otargos 2.0, c'est un Black moderne teinté de Death, un mélange subtil dans tout ce qu'il a de dynamique et destructeur, parce que bon, faut pas déconner non plus, c'est pas parce que le style a changé que le propos s'est adouci, les bordelais font toujours dans le brutal, et cette décharge Black/Death, bien aidée par sa prod moderne, est un monstre de précision, ultra efficace, carré, et qui tape dur, un disque également concis qui affiche un peu moins de quarante minutes au compteur, pas le temps pour s'ennuyer, tant l'ensemble s'avère plus que varié.
Le titre éponyme d'ouverture est assez révélateur de ce que sera Apex Terror, une grosse mandale dans la face, c'est la guerre, c'est martial, et l'on sent d'emblée la grosse référence à Behemoth, avec les breakdowns et les leads typiques de Blackened Death, avec une petite touche industrielle de part un effet synthétique sur la voix des plus surprenants, et malgré cet ajout de Death dans la formule, Otargos n'a pas totalement oublié le Black, Fallout et son intro au compteur Geiger développe une ambiance de fin du monde appréciable, avec des sonorités un poil indus et cet espèce de discours scandé dans le fond, un titre dans l'esprit très Black Metal mais avec des Breakdowns du Death à la Behemoth, la rapidité inexécution est également de mise avec Drone, qui suit l'interlude industrielle Xeno, une pure tuerie Black qui ravage tout sur son passage, brutal, pour une explosion de violence à coups de blasts dans la gueule, et que dire de ce Aftermath Hyperion ultra violent et froid, très mécanique dans sa brutalité, surement le titre le plus varié de la galette avec ses multiples changements de rythme, alternant entre le Death agressif et le Death dans tout ce qu'il à de plus lourd.
Fort heureusement, Otargos propose aussi des titres bien plus Heavy, plus lents, mais tout aussi destructeur, comme un Fleshless-Deathless dont l'intro rappellera bien entendu le Where the Slime Live de Morbid Angel, un titre rampant, ultra lourd, presque oppressant, qui se rapproche également des sonorités de Gojira pour ce qui est des passages pachydermiques mais en même temps aériens, Remnant from e Long-Dead Star est lui aussi a ranger dans la catégorie Heavy à souhait, là encore, c'est une machine de guerre qui avance lentement, détruisant méthodiquement tout ce qui se trouve sur son chemin, intense, avec ses rythmes à vous décrocher les cervicales, le solo qui flirte avec le Heavy Metal est également plutôt bien foutu.
On trouve également quelques surprises, Versus donne dans un hybride Death/Black/Thrash en forme de grosse claque avec ses soli Thrashy à la Vader, plutôt fun dans ses paroles avec son cri Heavy Metal à la King Diamond final et son Motherfuckeeeerrrss hurlé comme un punk à chien, quant à For Terra, il nous offre un petit passage quasiment Black Symphonique brutal à la Dimmu Borgir, le titre sonne très black, le riff est assez typique du genre, le rythme est soutenu, c'est vicieux avec de très bons soli, et le chant black se mêle avec un chant guttural proche du Death, faut dire aussi que Julien Truchan de Benighted est venu filé un coup de main, du bien bel ouvrage, un subtil mélange de Black corrosif et de Death qui tâche...

J'entends bien que les puristes font gueuler et crier à l'hérésie, tant pis pour eux, et je suis persuadé qu'Otargos s'en bat les couilles, Apex Terror est à prendre pour ce qu'il est est, un très bon album de Black Death, moderne, qui flirte souvent avec Behemoth comme on pouvait un peu s'y attendre, avec également pas mal de sonorités industrielles qui confère à l'album une certaine ambiance de fin du monde, la production renforçant également le côté déshumanisée et haineux du combo.
Avec cette nouvelle orientation, Otargos ouvre une nouvelle ère et s'offre surtout de nouvelles possibilités et de nouvelles perspectives d'évolution, ce qu'il n'avait pas dans le cadre plutôt réducteur du Black Metal, et c'est surement très bien joué pour l'avenir, une évolution stylistique pleinement assumée qui ne plaira pas à tout le monde, comme à chaque fois, mais ici, c'est particulièrement réussi, Otargos propose une musique bien plus variée, aux références peut-être un peu trop évidentes, mais Apex Terror est une redoutable machine de guerre, monstre de précision à la mécanique bien huilée, avec des gars qui ont bien bossé leur affaire, pas mal du tout...

Otargos 2.0 Now with more Death Metal!
Track Listing:
1. Apex Terror
2. Fleshless-Deathless
3. For Terra
4. Remnant from a Long-Dead Star 
5. Fallout
6. Xeno
7. Drone
8. Aftermath Hyperion
9. Versus