vendredi 26 juillet 2013

[Chronique] Mercenary - Through Our Darkest Days

Mercenary, c'est le genre de groupe qui aurait pu devenir gros, à une certaine époque tout du moins, mais finalement, ça ne l'a pas fait, la faute peut-être un style surement un peu trop hybride, car Mercenary est loin d'être votre groupe de Melodeath traditionnel, mélangeant allègrement le son de Göteborg au Power Metal, le tout saupoudré d'une grosse poignée de Metalcore, un savant mélange d'agression sonore et de sens mélodique qui a globalement fonctionné jusqu'à Architect of Lies, et puis il y a eu 2009, l'année noire du groupe, qui perdait la moitié de ses membres d'un coup, le batteur et les frangins Sandager, Morten le claviériste, et surtout Mikkel, l'excellent chanteur qui contribuait pour beaucoup au son du groupe.
Réduit à l'état de quatuor, armé d'un nouveau batteur et avec le bassiste/hurleur René Pedersen qui reprenait le chant clair, Mercenary avait sorti un "petit" disque, Metamorphosis en 2011, qui n'avait pas passionné grand monde en s'orientant vers un son plus proche du Metalcore et donc bien trop banal par rapport à ce qu'était capable de faire le groupe dans le passé, à l'époque de sa relative grandeur, et pas sûr que Through Our Darkest Days réussisse à changer la donne...

Pourtant le mélange des genres est toujours à l'honneur ici, Mercenary est un hybride, à la croisée des chemins entre Soilwork, Darkane, Dark Tranquillity, et Killswitch Engage, la seule différence avec Metamorphis étant un côté mélodique exacerbé, un compromis entre la violence des débuts et leur style plus moderne? En quelque sorte, sauf que malheureusement tout cela est un peu pataud et trop convenu, car depuis quelques temps Mercenary joue sur des structures bien trop simplistes pour espérer quoique ce soit, ça commence par du riff de bûcheron, du growl, des nappes de clavier enrobant tout ça, et cela n'a qu'un seul but, préparer le terrain pour l'arrivée du gigantesque refrain pop guimauve, et c'est à peu près tout ce que le groupe est capable de faire pour le moment, j'avoue avoir du mal à reconnaître le Mercenary que j'ai aimé par le passé.
Le premier titre, A New Dawn, est particulièrement frustrant et indigne du groupe, car il sonne malheureusement comme du... All that remains (période Overcome), bon, un Phil Labonte qui aurait copulé avec Soilwork, mais quand même, on est dans le pur titre de Power pop Metal sans intérêt, alors bien sûr, c'est fait pour être efficace, et d'une certaine manière ça l'est, car le refrain te rentre directement dans le crâne, avec des growls réduits à leur portion congrue, je ne vois pas comment l'album pouvait plus mal commencer.
Heureusement, il y a mieux par la suite (c'était pas bien dur), avec Welcome the Sickness qui remonte le niveau et qui fait illusion mêlant habillement bourrinage et juste ce qu'il faut de mélodies, mais c'est surtout avec la chanson titre que Mercenary va retrouver un peu d'allant et d'envie, avec un titre efficace qui aurait pu aisément se retrouver sur un 11 Dreams, l'un des rares moment réjouissant de l'album, avec l'excellent Starving Eyes, qui montre la facette la plus mélancolique des danois, dont un break atmosphérique bien foutu, pour un résultat qui dépasse mes attentes car il tombe en plein moment où l'album est devenu ennuyeux et pénible, car le reste des titres est plombé par une overdose de mélodies mollassonnes et de refrains radio friendly.
A partir de Dreamstate Machine, c'est un peu la débandade chez les danois, avec ce sentiment d'écouter un mauvais Soilwork moderne, A moment of clarity est d'ailleurs très Soilworkien dans son approche, mais encore une fois avec cette surcharge de guimauve qui fait qu'à aucun moment la sauce ne prend vraiment, c'est joli, les arrangements sont soignés, mais c'est surtout incroyablement plat, un peu à l'image d'un Beyond this Night indigent et qui flirte avec le foutage de gueule avec sa mélodie facile à deux balles, je ne préfère même pas vous parler des plus de six minutes de l'Europop dégueulasse de Forever the Unknown avec son refrain qui cartonnerait surement à l'Eurovision.
Le cas Generation Hate est tout à fait particulier, car le groupe se décide à aller dans le bourrin en enrobant son Melodeath lourdingue d'une couche de Black symphonique, et pour le coup c'est assez surprenant, pas de bol, ils ont décidé d'y mettre des paroles de merde d'une naïveté déconcertante, il y a vraiment des passages qui déménagent sévèrement et qui bottent le cul, sauf qu'à un moment le refrain en chant clair déboule et t'as rené qui gueule We are the Generation, generation Hate!, difficile de garder son sérieux devant ce cri du cœur adolescent...
Ça m'avait troublé avec Metamorphosis, le mimétisme entre le chant clair de René Pedersen et Mikkel Sandager est toujours aussi présent, (les mauvaises langues diront que sa voix est suffisamment trafiquée pour donner le change), et la prestation vocale est ici au top, avec des growls toujours aussi profonds, même si moins présents que par le passé, et parfois une petite touche de black dans certains hurlements, le tout est très varié, malheureusement insuffisant pour rattraper des compositions assez plates aux structures bien trop simplistes...

Through Our Darkest Days est surement l'album le plus mélodique de toute la discographie de Mercenary, et ce n'est pas une bonne nouvelle si vous voulez mon avis, car le groupe sombre un peu dans la platitude et la facilité, avec le Metal hybride des danois souffre d'une surcharge de guimauve incompatible avec la pratique d'une musique énergique.
La part du Metalcore s'est réduite par rapport à Metamorphosis, avec une musique moins bourrine et bas-de-plafond, mais du coup l'album souffre d'un manque d'agressivité et d'énergie assez rédhibitoire quand on veut faire dans l'efficacité, le groupe se contente donc de mélodies faciles et de structures simplistes, et en dehors de deux-trois titres vraiment bons, on s'ennuie pas mal avec Through our Darkest Days, un disque sombre, mélodique, mais surtout un peu bancal et lourdingue, prévisible, avec des paroles surement trop naïves, un Melodeath trop mélodique, qui manque de fun et d'agressivité, sans trop de surprises et banal, qui tombe assez vite dans la monotonie et une certaine routine, surtout que ça fait un bout de temps que le groupe n'arrive pas à se renouveler et répète pas mal de poncifs et de clichés à chaque album, comme c'est une nouvelle fois le cas ici...

Mercenaire au service de la guimauve
Track Listing:
1. A New Dawn
2. Welcome the Sickness
3. Through Our Darkest Days
4. Dreamstate Machine
5. A Moment of Clarity
6. Beyond This Night
7. Starving Eyes
8. Generation Hat
9. Forever the Unknown