samedi 23 mars 2013

[Chronique] Pryapisme - Hyperblast Super Collider


Vous le savez si vous suivez ce blog régulièrement (si ce n'est pas le cas, c'est mal), je suis particulièrement friand de groupes que l'on qualifiera de "différents", même si paradoxalement je peux être très conservateur concernant pas mal de trucs.
Nonobstant mon élitisme de merde de donneur de leçon façon troll, j'adore ce qui sort de l'ordinaire, les explorateurs zinzins de l'espace du Metal qui mélange tout et n'importe quoi en véritable savants fous métalliques  j'avoue que c'est mon péché mignon, et autant dire qu'avec les français de Pryapisme, j'ai été servi en terme de Nawak Metal déglingué.
Pourtant, je n'avais jamais sauté le pas avant cet Hyperblast Super Collider, leur second album, j'avais bien écouté deux-trois trucs par-ci par-là, mais sans avoir véritablement envie d'approfondir davantage, mais bon, comme le bouzin était vendu huit euros chez Apathia Records, il aurait été dommage de passer à côté d'une bonne affaire, parce que putain, Pryapisme, ça bute du poney sévèrement, même si ça ne plaira surement pas à tout le monde...

Bon, que les choses soient claires, pour apprécier Pryapisme, il va falloir une gigantesque ouverture d'esprit, et laisser ses préjugés au vestiaire, j'en ai fait l'expérience la semaine dernière lors d'une soirée jeux de plateau avec des potes, j'avais mis ça en fond sonore, le cd a quitté la platine au bout de 3 minutes sous les huées d'une foule consternée, tout ça pour dire que Pryapisme est différent, très différent, et propulse le Nawak Metal dans une nouvelle dimension à base de lolcats et de plans délirants incroyablement bordeliques.
Pryapisme est Metal, il n'y a aucun doute la dessus, c'est leur ADN, mais un ADN en constante mutation, car au Metal le groupe ajoute de très nombreux éléments, de l'electro, de la techno, des chats, du jazz, du Nintendocore, et de l'expérimental, pour un résultat que l'on qualifiera, au choix, d'incroyablement ridicule et incompréhensible, ou de profondément génial... enfin bon, génial, le mot est surement un peu fort, mais on s'en rapproche pas mal, car même si le résultat est, vous vous en doutez bien, complètement déglingué et taré, j'ai adoré ce Hyperblast Super Collider, qui est un véritable trip sous acide dans un univers délirant, un voyage qui va surement vous vriller le cerveau tant il se passe des milliers de trucs en un minimum de temps.
Un Metal foisonnant, donc, instrumental, plein jusqu'à la gueule de délires de psychopathe, de sonorités bizarres, de samples, du saxo, de l’accordéon, et bien sûr de sons 8-bits à la Powerglove, même si la comparaison avec le fer de lance du Nintendocore s'arrête là, pas question de faire des versions Metal de thèmes de jeux vidéos ici, Pryapisme sample, passe le tout à la moulinette, détruit toutes les barrières et s'affranchit de toutes règles en vigueur dans le Metal, dans un esprit jazz expérimental complètement débridé.
Concept également bruitiste, car Pryapisme n'a pas oublié de mettre des couilles dans ses parties Metal, dans le genre riffs épileptiques qui défoncent, comme ce Random Jean Vigo qui démarre tranquille comme un vieux jeu vidéo avant une bonne tartine de poutre dans ta face et une longue plage electro-atmosphérique, suivie bien sûr d'une nouvelle accélération brutale dans la face.
En fait tout l'album est comme ça, on passe facilement d'un extrême à un autre, et le pire, c'est que ça fonctionne, dans une relative cohérence, comme si tous ces éléments hétéroclites s'intégraient facilement entre eux, chaque chose est à sa place malgré cette paradoxale impression de chaos qui se dégagent de titres parfois très longs, comme autant de chevauchées épiques, ou de voyages cauchemardesques pixelisés, Pryapisme n'a peur de rien, fier de sa force et de sa puissance transgressive, car on ne sait jamais à quelle sauce on va être mangé, on se retrouve sans repère et l'on se laisse porter par la musique, à la fois glauque, malsaine, brutale, aérienne, virulente (J'ai envie de te claquer), avec toutes ses petites trouvailles sonores, comme autant de petites bombes balancées pendant les titres par un psychopathe, même si bien sûr, l'ensemble est un peu usant mentalement tant le flux d'information est incessant pendant presque une heure de délire auditif.
Notons également que l'album se termine par un long titre absolument dantesque et épique avec la reprise d'Une nuit sur le mont chauve de Moussorgski, qui pour moi restera attaché à tout jamais à un niveau d'Earthworm Jim, une reprise osée en forme de condensé de tout ce qu'est Pryapisme, qui s'approprie l'original et le transforme du tout au tout, un authentique climax jubilatoire glorieux et distordu pour conclure cet Hyperblast Super Collider ébouriffant qui m'a laissé sur le cul, même si en fait, le disque se termine sur un miaulement...

Bref, on ne va pas tourner autour du pot, Hyperblast Super Collider est un monument du Nawak Metal extrême, jubilatoire et complètement barré, Pryapisme fait très fort et transcende les genres, pulvérise les règles, franchit toutes les frontières et nous emmène dans son monde délirant où à tout moment on risque de se faire percuter par un lolcat volant vomissant des arcs-en-ciel sur votre vie triste et monotone, le voyage est fascinant, cauchemardesque, malsain, et surtout incroyablement fun.
Pryapisme signe un album inclassable, expérimental, chaotique mais au final très cohérent, hallucinant et halluciné, qui me met bien dans la merde pour le noter, vu que pour certains, ce sera zéro, pour d'autre 5/5, sans vraiment de juste milieu, à vous de voir si le voyage vous intéresse, mais dans tous les cas, on ne sort pas indemne de cet Hyperblast Super Collider...