samedi 1 septembre 2012

[Chronique] Ex Deo - Caligula


Ave sales plébéiens!
Après un premier album plutôt sympathique, Romulus, sorti en 2009, Kataklysm Ex Deo revient pour nous casser les couilles donner une nouvelle leçon d'histoire sur l'empire romain, par le biais de son nouvel album Caligvla, avec un V parce que ça fait plus classe, historique, tout ça...
C'est un projet sympa à la base, tu prends les mecs de Kataklysm (tout le groupe) pour le gros Death qui tâche, auxquels tu ajoutent un claviériste, pour gaver tout ça d'orchestrations épiques, tu mélanges bien ta tambouille, et tu obtiens un Death Metal Péplum bourrin mais pas trop, grandiloquent, qui change un peu de la pitance habituelle servie par les québécois.
Ex Deo, c'est donc sympa, pas inoubliable, pas mauvais, correct, le genre de side project permettant aux gars de sortir un peu de leur habituel Death Metal mélodique et bourrin, pas sûr cependant qu'un second album s'imposait réellement...

Dans le Metal extrême symphonique, il y a globalement deux manières de voir les choses, soit t'es Septic Flesh ou Therion et tu intègres complètement les orchestrations à ta musique, en basant ta musique sur celles-ci, pour un résultat surement plus classieux, ou soit t'es dans le genre gros bourrin comme Dimmu Borgir ou Fleshgod Apocalypse, en utilisant les orchestrations symphoniques comme un vulgaire artifice, le résultat est un peu plus dégueulasse, des gros riffs de porc et un orchestre qui joue dans le fond pour faire genre on est un groupe symphonique.
Ex Deo, c'est différent...
Ex Deo ne joue pas dans la même cour que Septic Flesh ou Therion, et n'entre pas non plus dans la seconde catégorie des bourrins de service, car les québécois ont plus ou moins laissé tomber le Death Metal avec Caligvla, ouais, vous avez bien lu, Kataklysm Ex Deo ne fait plus de Death!
Plus de Death, donc? En fait, c'est plus compliqué que cela, Ex Deo ne fait plus de Death au sens Kataklysmique du terme, on retrouve toujours quelques sonorités propres au genre par-ci par-là, notamment les rares fois ou Maurizio Iacono use de son growl caractéristique, mais dans l'ensemble, Ex Deo fait plutôt dans le Metal symphonique martial.
Ouais, parce que le Iacono, ici, il se croit plutôt à la tribune, exhortant la foule, plus proche de la déclamation que du growl Death Metal pur et dur, discours virulents de propagande, parfois assez proche de ce que peux faire un Samael, ça fonctionne à peu près correctement, seulement voilà, c'est bien joli tout ça, mais là où Ex Deo se ramasse, c'est au niveau des composition, et là ça fait mal...
Alors ok, y'a des orchestrations pompeuses, grandiloquentes, emphatiques, parfois de la voix off pour certains passages narratifs, dans l'ensemble c'est assez réussi, mais les riffs dans tout ça? Eh bien ils sont d'une pauvreté affligeante, souvent simplistes, ils ne se retrouvent souvent que comme point d'appui dans la rythmique, pas au même niveau que les orchestrations, de la même manière, la batterie fait pâle figure, n'espérez pas trouver grand nombre de blasts, Max Duhamel en est réduit au minimum syndical, et il semble vraiment se faire chier.
Sans riff intéressant, on se retrouve dans une situation bizarre, les titres défilent, le son est énorme, mais on ne retient pas grand chose à la musique des québécois, leur Metal sympho martial devient assez vite vain et vide de sens, dénué de moment accrocheur, avec des structures banales, simplistes, l'album devient assez vite un bruit de fond, agréable, certes, mais dans lequel on ne parvient pas à rentrer, tant tout ce vacarme sonne souvent superficiel.
En fait, au lieu de nous servir un péplum monumental à gros budget, on se retrouve à mater Spartacus, la série à petit budget de Starz, qui souffre en fin de compte du même défaut, à savoir une avalanche d'effets tape-à-l'oeil sur lesquels reposent toute la série, Ex Deo, c'est un peu la même histoire, avec en guise de scénario moisi des riffs pauvres et bateaux, des structures simples, mais agrémenté d'orchestrations gigantesques, en espérant que ça permettent de masquer tout ce qui ne va pas.
Pourtant, la production, le mixage, les arrangements, sont parfaits, et Ex Deo sait proposer son mur du son, énorme, martial, un peu racoleur, évidemment, mais ne va pas plus loin et ce contente de nous en mettre plein la vue, alors qu'on aurait aimé que le groupe aille vraiment au bout de son concept.
On se mange un paquet de titres mid-tempo aux constructions linéaires, I Caligula, The tiberius cliff, Pollice verso, ou encore le complètement foiré Per occulus aquila, d'une médiocrité sans nom, malgré une fois de plus les orchestrations qui pètent dans tous les sens.
Pourtant, à l'écoute de certains titres, on sent qu'on est passé à côté de quelque chose de plutôt pas mal, notamment Divide et Impera, qui pour le coup est vraiment le titre le plus cohérent de l'album, le plus intense aussi, avec une utilisation judicieuse du chant féminin, Along the appian way est également un bon moment, en retrouvant certains fondamentaux du groupe, avec surtout de bons riffs et un chant qui se fait plus versatile, ce sont globalement les deux seuls titres où Ex Deo fait preuve d'ambition et d'une certaine recherche dans les atmosphères, une bien maigre consolation qui laisse un goût amer quand on écoute les autres titres...

Un disque bizarre, donc, qui voit un Ex Deo se vautrer souvent dans la médiocrité et la banalité, les québécois semblent s'être fait bouffer par leur concept et leurs arrangements symphoniques, en oubliant ce qu'ils savent faire de mieux, pondre de bons riffs.
Caligvla n'est pas une bouse, loin de là, il est juste profondément moyen, malgré des orchestrations très fines et grandioses, une production qui colle parfaitement au style pratiqué, il faut avouer que l'on se fait un peu chier en l'écoutant.
C'est con, car sur certains titres, certains passages, on sent que le groupe est capable de bien mieux que ça quand il veut bien se bouger le cul pour pondre des structures plus alambiquées, en variant les rythmes (certains titres contiennent des accélérations rageuses qui déménagent sévère), les styles vocaux, et les ambiances, malheureusement, Ex Deo reste en surface et nous propose une musique assez superficielle, emphatique et grandiloquente, certes, mais dont les riffs et les structures sont pénibles et sans vraiment d'imagination, pourtant, tous les éléments étaient réunis pour faire de ce Caligvla un grand disque, du talent, des moyens, un concept, mais au final ça ne fonctionne pas.
Tu peux écouter Septic Flesh ou Therion, à chaque fois, tu vas découvrir des trucs nouveaux, des détails qui t'avais échappé, à l'inverse, Ex Deo se met à poil dès la première écoute, car malgré la débauche de moyens, Caligvla manque d'envergure et de grands moments épiques, et oserais-je dire, manque d'ambition, un comble quand on base son concept sur l'empire romain.
Les gars ont tout misé sur les orchestrations et ont oublié le coeur de leur musique en route, le résultat est bancal et parfois foireux, un peu mou, ampoulé, une véritable déception...

L'empire est en déroute...
2 / 5