mardi 19 juin 2012

[Chronique] Manowar - The Lord of Steel

Sortez les épées, les peaux de bête, les moule-burnes en cuir, voir même la bonne vieille veste à patch en jeans sans manches, car les glorieux empereur du pur Heavy Metal sont de retour avec un nouvel album!
...Mouais, l'excitation avec Manowar, c'était avant, dans les années 80, voir même les années 90, car depuis le déjà pas génial Warriors of the World en 2002, Manowar s'est chié dessus dans les grandes largeurs, avec la sortie de l'ignoble et ridicule Gods of War, qui voyait le groupe sombrer corps et âme dans un Metal symphonique de pacotille...
Depuis, pas grand chose à se mettre sous la dent, si ce n'est la ré-édition du premier album Battle Hymns, histoire surement de remplir les caisses.
Bref, après cinq ans d'attente depuis le naufrage Gods of War, Manowar a beaucoup à se faire pardonner avec The Lord of Steel, et même si, heureusement, le groupe laisse tomber les conneries à base d'orchestrations et de narrations, pour se rapprocher du son plus couillu du passé, on est loin de la franche réussite...

Entendons-nous bien, j'adore Manowar, surtout pour le côté un peu "con" du truc, tous les clichés véhiculés, le côté épique démesuré macho/Bigger than life, les paroles un peu cul-cul ambiance Brothers of Metal, y'a pas à dire, c'est quand même bien fun, malgré tout, il faut quand même avouer que l'age d'or du groupe est clairement derrière lui, et qu'en 2012, en dehors de son armée de fans hardcore, Manowar ne fait plus bander grand monde.
The Lord of Steel, donc, renoue avec le côté "dur" du groupe, plus classique et direct, sans trop s'emmerder de fioritures et de claviers à la con, une très bonne idée à la base, c'est en tout cas ce que tous les fans attendaient, le problème ne viendra donc pas de l'orientation musicale prise par le groupe, mais de la pauvreté indigente des titres proposés ici, accentuée par le manque de couilles de l'ensemble, un véritable paradoxe pour une musique qui se veut pourtant débordante de testostérone.
Manowar fait donc machine arrière, se la joue donc safe, sans aucune prise de risque, et tombe immanquablement dans la redite sans âme et sans saveur, avec ses riffs recyclés et ses refrains qui tombent à plat, le pire, c'est que le groupe semble même avoir perdu la recette de l'hymne Heavy Metal fédérateur, c'est bien simple, le disque est tellement plat et sans intérêt qu'il est impossible d'en retenir quelque chose, The Lord of Steel manque de relief et n'a aucun moment fort ou passage inoubliable, un album atrocement générique, ou quand un forgeron oublie le secret de l'acier, c'est moche...
Manowar est donc à la recherche de son glorieux passé mais ne dépasse jamais le niveau de l'anecdotique.
L'album débute également par une tripotée de titres directs mais vraiment trop moyens, avec une vibe judaspriestienne se dégageant de ces premiers titres d'ailleurs, pour un rendu assez bancal.
Le titre éponyme qui ouvre l'album est assez rapide, rentre-dedans, signe des temps, ce genre de titre n'aurait été par le passé qu'un filler de fin d'album, là, c'est le titre d'ouverture, avec son refrain pas génial soutenu par des choeurs dans la plus grande tradition du groupe.
Le titre suivant, Manowariors, fait un peu Judas Priest au rabais, avec un Eric Adams qui prouve une fois de plus qu'il est un putain de chanteur, et ses paroles kitschissime à souhait, un titre taillé  pour la scène, avec son Manowarriors raise your hands! We fight for Metal!!, malheureusement, ce genre de titre apparaît plus comme une sorte de passage obligé pour le groupe, le genre de titre en l'honneur de ses fans dont Manowar est coutumier, sauf que cette fois-ci, les ficelles sont tellement énormes que ça tombe un peu à plat.
Dans l'ensemble, ce n'est pas si mauvais que ça, c'est juste moyen et ça sent surtout le déjà entendu, la production est très claire, assez puissante mais manquant un peu de dynamisme, la basse de Joey deMaio est très très présente et bouffe tout l'espace, et a surtout un son bizarre, on dirait un gros bourdonnement électrique distordu, qui sur certains titres, comme le médiocre Black List, quasiment sept minutes de platitudes abyssales à la limite du Drone/Doom (sic), s'avère vraiment pénible et irritant.
Autre passage obligé pour le groupe, la bonne grosse balade bisounours, avec Righteous Glory, qui est de la bonne grosse sauce Joey DeMaio niaise (ouais, mon but lors de cette chronique était de sortir ce jeu de mots pourri, c'est fait, vous pouvez arrêtez de lire...), rien à en tirer, heureusement il n'y en a qu'une sur l'album.
Etrangement, contre toute attente, c'est vers la fin du disque que les choses s'améliore quelque peu pour le groupe, Expendable n'est certes qu'un filler, mais un filler pas trop dégueulasse, et c'est surtout le bizarrement nommé El Gringo (ça choque un peu comme titre par rapport aux autres) qui va impressionner, bien sûr, on est dans la redite une fois de plus, cette chanson renoue avec le glorieux passé du groupe, accrocheur, et diablement dynamique (ça choque par rapport au reste de l'album), pour ce qui est en gros la seule réussite du groupe sur The Lord of Steel, parce que c'était trop beau pour durer, le groupe retombe dans ses travers juste derrière avec les moyens Annihilation et Hail, Kill and die.
(Notons quand même, pour la déconne, que la chanson El Gringo sera sur la B.O d'un film du même nom, qui risque d'être un chef d'oeuvre du septième art, donc voici le trailer)

Bref, The Lord of Steel voit Manowar en pleine séance de rétropédalage, dont l'objectif est clairement de rassurer les fans inquiets après l'album dont on taira le nom, dans une vaine tentative de retrouver la gloire passée, un échec malgré tout, car malgré certaines qualités, The Lord of Steel est atrocement banal et générique.
En fait, ça me fait penser au dernier Metallica, qui tente de retrouver le son du passé, mais tout en se forçant trop, tout n'est finalement que redite et recyclage, sans vraiment de passion ni d'envie, sans idées non plus.
C'est un peu ça The Lord of Steel, un album moyen, sans risque, qui reprend tous les éléments composant le son du groupe, ainsi que, bien sûr, tous les clichés, pour un résultat qui n'est en fin de compte qu'un pétard mouillé, un disque qui manque d'énergie et d'agression, Manowar n'avance plus et apparaît de plus en plus comme un vieux con qui radote en ressassant son passé, et c'est bien dommage.
Manowar a forgé une épée en acier trempée, mais qui a l'efficacité d'un couteau à beurre...

The Lord of Fail
2 / 5