samedi 19 mai 2012

[Chronique] Marilyn Manson - Born Villain








Il fut un temps, pas si lointain, où Marilyn Manson était le cauchemar de l'Amérique puritaine, politiquement incorrect, provocateur, vulgaire, subversif, mais ce n'était pas qu'un cirque visuel, car musicalement, les albums de Brian Warner tenaient la route, à travers une trilogie imparable, Antichrist Superstar-Mechanical animals-Holy Wood, mais ça, c'était avant, il y a désormais plus de dix ans.
Passées les années 90, la bulle Manson a explosé, et les années 2000, post-Holy Wood, ont montré un type complètement cramé artistiquement, avec une série d'albums ineptes et sans intérêt, allant de la pop ultra commerciale jusqu'au faux retour aux sources, Brian Warner y perdait le peu de crédit qu'il lui restait encore, et sombrait lentement mais surement dans la case has-been.
2012, Manson revient avec un nouvel album, Born Villain, et autant le dire tout de suite, ce ne sera pas une renaissance, mais plutôt un autre clou dans le cercueil d'un artiste qui n'a plus rien à dire, et qui ne fait désormais plus peur à personne...


Born Villain marque un changement, car c'est le premier album de Manson a ne pas sortir chez Interscope, mais chez Cooking Vinyl et Hell, Etc, le label de Manson, et sans l'apport de la major, il semble que le budget production ait été revu à la baisse, car c'est bien le premier point négatif de l'album, la prod est à chier, le son est plat, mou du genou, et désagréablement orienté garage rock, avec un son de batterie qui n'a aucun impact, assez bizarre quand on parle d'industriel...
Mais attention, on ne parle plus ici de Metal Industriel, mais plutôt de Rock indus molasson, et quand je lis que Manson décrit ce disque comme du "Suicidal Death Metal", je ne peux m'empêcher de rire et de me demander si ce type croit vraiment ce qu'il dit, ou s'il se fout ouvertement de la gueule des gens...
Born Villain est donc l'album du foutage de gueule, qui bat constamment des records en terme d'ennui et de manque d'inspiration.
On peux dire ce que l'on veut de sa fameuse trilogie des nineties, notamment que les disques étaient souvent un peu bancals, trop longs, trop surchargés, mais ils avaient pour eux d'avoir une vraie idée directrice, un concept, une atmosphère particulière, une vision d'artiste, en quelque sorte, qui a depuis littéralement disparu, comme l'inspiration de Mr Warner, qui se contente de faire de la musique de manière mécanique, sans idées neuves, reprenant de vieux trucs de sa discographie comme autant de gimmicks foireux qui perdent tout sens hors de leur concept original.
Dès le début de Born Villain, on sait qu'on est en présence d'un mauvais disque, qui s'ouvre par le médiocre Hey, Cruel World, quelques bidouillages electro et un riff d'une hallucinante pauvreté, c'est tout ce qu'on aura ici, c'est assez direct malgré tout, surtout vers la fin, mais je défi quiconque de s'exciter en écoutant ça, de la même manière, le single No Reflection fonctionne de la même manière, avec Manson qui fait du Manson, sans inspiration, et le pire, c'est que ce sera pire par la suite...
Parce qu'en plus d'être nul, Born Villain est long, trop long, et quand on a aucune idée pour relever la tambouille, autant dire que vous allez trouvez le temps long, 14 titres sur lesquels Manson semble être un vieux sénile qui radote, avec ses paroles qui se veulent subversives (la routine habituelle, sexe, violence, religion, violence sexy religieuse, et mort) mais qui ratent constamment leurs cibles, peut-être qu'elles auraient pu éventuellement être choquantes en 1996, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui, le monde a changé, mais Marilyn Manson vit toujours dans sa bulle en se croyant toujours aussi important que par le passé, alors que voyons les choses en face, il n'est presque plus rien en 2012, Manson entre dans cette catégorie d'artiste qui a eu son heure de gloire, qui était en phase avec son époque, mais qui s'est fait dépassée par l'évolution du monde.
Il ne reste plus grand chose de perturbant ou d'effrayant dans cette musique qui appartient au passé, c'est triste à dire, mais l'époque ou Marilyn Manson était une sorte d’épouvantail haï de tous est révolue, et n'inspire aujourd'hui, non plus la peur, mais une sorte de pitié, pour un artiste qui album après album continue de souiller un peu plus sa propre légende.
J'ai quand même retenu deux titres qui méritent vaguement d'être sauvés du naufrage, Lay down your goddamn arms qui que je trouve assez touchant dans son intensité, et Murderers are getting prettier every day, qui a ce côté direct que j'apprécie, même si pas aidé par une production digne d'un vieux Ministry des années 80...
Notons, pour la déconne, qu'en bonus track, on a droit à You're so Vain (une reprise de Carly Simon), certes assez médiocre, mais sachez mesdemoiselles que Johnny Depp joue dessus, voilà, voilà...

Bref, si vous attendiez la renaissance artistique de Marilyn Manson au travers de ce Born Villain, et bien c'est raté, et je pense que ça n'arrivera jamais, arrêtez d’espérer.
Le vieux Manson est rincé, lessivé, à la ramasse, et nous livre une prestation en pilotage automatique, sans saveur, et pas du tout inspirée, à des années lumières de ce qu'il a pu être dans le passé, cela fait donc douze ans que Brian Warner n'a rien fait de correct, et tout espoir semble désormais perdu...

Désespérant...
1 / 5